L'ART CONTEMPORAIN

 

 

Deux oeuvres

Commentaires sur la littérature critique

 

 

 

 

Deux oeuvres d’art contemporain

 Je vous propose d'examiner deux oeuvres d'art contemporain, l'une que je rejette, l'autre qui m'enchante....mais je ne suis pas spécialiste de l'analyse...saurai - je vous convaincre ?

 Le camion de Bustamente

J.Marc Bustamente installe un camion dans une chapelle....le maire se fâche et jure que cette chapelle n'hébergera plus d'art contemporain.

 Que veut - il montrer?

- Qu’un Camion c’est beau ? « beau comme un camion », que l’art est présent dans les objets quotidiens ou industriels (mais on voit tout cela à longueur de journaux et de télévision, dans les pages de publicité racoleuses).

Auparavant cet aspect esthétique était traité par la photo mais la photo intégrait un apport propre au photographe (angle de vue, éclairage, cadrage, contraste, structuration du plan, atmosphère...), quel intérêt de remplacer la représentation de l’objet par l’objet lorsque ce passage se traduit par un appauvrissement esthétique.

 - Que l’artiste est celui qui observe, choisit ses angles de vue, cadre, observe la structuration de l’espace? c’est - à - dire ici le spectateur ? L’exercice est intéressant mais relève plus d’une école d' apprentissage

 - Que la notion de créateur ou d’artiste a disparu....pourquoi... (cela démontre surtout que Bustamente n’en est pas un...pour cette oeuvre en tout cas) et que tout le monde est artiste , ce qui est parfaitement faux...et il est hypocrite et démagogique de le dire. Ce qui n'interdit pas dailleurs à tout le monde de s'exprimer par le médium qu'il décide ..mais de là à dire que toute cette production est oeuvre d'art.....

 - Que l'oeuvre d'art n'est pas l'objet mais l'idée ou la mise en scène. Cest un point qui a été souvent débattu au sujet de la pissotière de Duchamp

 - Que l'oeuvre d'art est la mise en abîme de la technique moderne et du spirituel ? ...platitude

Bref... je n'ai rien compris à cette oeuvre qui m'a irrité...mais je n'ai trouvé personne qui l'ai commenté de façon positive, bien que beaucoup de critiques se soit émus de l'attitude du Maire !...Pour moi ce n'est pas une oeuvre d'art (pas d'esthétique, pas de sublimation)

Si quelque internaute peut faire mon éducation....merci

L'emballage du Reichstag de Christo Sublime, enchanteur....mais pourquoi ?

D'abord je dois dire que j'ai un oeil très graphique. C'est à dire sensible à tous les effets provoqués par les lignes, les hachures, les rayures, les contrastes... et là, avec Christo dans chacune de ses oeuvres je trouve mon bonheur.

Mais aussi parce que l' empaquetage d'un monument (Reichstag ou Pont Neuf..)

LIBERE LA PURETE

de la forme et fait disparaître la "fonction d'usage" de l'ouvrage . On ne voit plus un Parlement ou un pont on voit une épure, une sculpture..........

Mais aussi pour moi le Reichstag c'était un monument entâché d'histoire, étroitement l ié à la naissance du nazisme (l'incendie ....). Un monument.....noir, massif, hostile, barbare, guerrier....Donc image mentale forte et négative.

Et soudain Christo voile tout cela de toile blanche, pureté des formes, pureté de la couleur, pureté de la démarche...Voila le Reichstag allégé, lavé de son passé...prêt à prendre un nouvel envol.... symbole fort pour accompagner la nouvelle Allemagne....

Et voilà Pourquoi cette oeuvre d'art m'a transporté (esthétique et sublimation)

  en tête page

Commentaires sur la littérature critique

 

 La crise de l’Art Contemporain Yves Michaud   [A1]

 Tout d’abord quelques phrases justes :

 p 62 « La fin de l’orthodoxie, c’est la possibilité de redevenir libre, créateur et créatif, c’est la possibilité aussi de se retrouver et de se réconcilier avec sa propre culture et de produire son propre art. » ....la LIBERTE totale

 « la reproductibilité mécanique condamne l’aura ...... » ....la Joconde et les Nymphéas

 p117 « Tom Wolfe loin de se soucier des conséquences de l’art moderne sur les masses, constate en fait que celles-ci ne sont pas vraiment invitées au banquet, que l’art chic est un art du monde mondain de l’art, d’un petit monde appelé Cultureburg, où des hameaux s'efforcent de faire la mode à coups de textes abstrus qui remplacent les oeuvres. »

....les virus.

  "Quelle que soit l’attitude adoptée, la déroute des critères en est la conséquences. Or le jugement d’appréciation esthétique est identifié à un jugement à partir de critères et de normes reconnues...."

 Oui mais....L’art ne peut - il pas exister en dehors de l’existence de critères ? Est - ce que la démarche analytique des intellectuels de l’art ne finit pas par enfermer l’art dans une grille serrée ? Autrement dit, l’œuvre d’art est - elle le produit de l’artiste ou le produit de l’observateur ?

L’homme de Cromagnon a produit des oeuvres d’art pariétal bien avant que les critiques d’art n’existent. L’art brut, au sens strict de Dubuffet (artistes non contaminés par la culture.....) préexistait aussi avant d’être découvert. Ont - ils valeurs d'oeuvres d'art QUE parce que nous les avons découverts? Ou bien avons - nous les mêmes valeurs ataviques que notre ancêtre ?

Il me semble que l’œuvre d’art existe en dehors et quel que soit le système de jugement. C’est avant tout l’expression d’un individu, de ses angoisses , de son vécu et c'est pour cela qu'elle peut nous toucher . Elle est seulement révélée par l’observation, ou classée en bien ou en mal ce qui ne lui enlève en rien de son identité.

 et quelques commentaires en forme de désaccord :

p119 « ..Et pessimiste jusqu’au bout, Rosenberg prédit qu’une fois le mythe de l’avant garde épuisé, le gros de la production de l’art de musée aura probablement fusionné avec les moyens de loisirs et les arts commerciaux »

Heureusement qu'il a tort mais pourtant Wharol c’est ça !

 p 151/152

 « ..pour quelles raisons les masses devraient- elles adopter les critères esthétiques de groupes de connaisseurs appartenant pour la plupart à la classe dominante et en tous cas à l’élite de pouvoir ? ...au nom de quelle illusion devraient - elles continuer à se soumettre à un dérangement esthétique instrumenté par l’Etat »

 D’accord mais à mon sens le problème n’est pas là. Si le Grand Public aimait l’Art Contemporain pour lui - même, peu importerait alors l’instrumentation par l'État ou l’appartenance à un groupe de la classe dominante. Il est vrai que dans une telle situation les classes dominantes se seraient déjà dirigées vers autre chose, de peur de se contaminer ou d’être absorbées par la masse...Ce qui m’amène à me poser la question suivante : Finalement - vu des intellectuels de l'Art- l’Art Contemporain n’est - il pas simplement l’Art que n’aiment pas les masses ?

Mais le vrai problème n’est - il pas que le grand public n’aime pas l’Art Contemporain

 

p 155 « Hormis quelques naïfs ou quelques spécialistes qui en font commerce, ils [les artistes] ne croient plus non plus à la révolution du monde par l’Art, même s’il croient encore à l’Art. »

 Mais qui a pu croire réellement à la révolution par l’Art. Suis - je à ce point désabusé ou désillusionné que cette pensée m’apparaisse comme aberrante? Suis - je à ce point si clairvoyant de la nature humaine que les gens qui ont pu croire cela m’apparaissent comme de pauvres naïfs ? Ou bien, et c’est ma conviction, les maîtres du discours de l’époque ont énoncé cela par amour de la formule - formule belle il est vrai -

 p163 «Face aux oeuvres contemporaines il se formule spontanément une demande naïve ou ironique de savoir ce qu’au juste cela veut dire. Quand cette attente herméneutique est déçue, à cause de l’hermétisme du commentaire, ou de son échec à persuader, il est fait appel à d’autres registres d’évaluation. »

 Avant d’ironiser sur ceux qui ne comprennent pas ou même d’analyser leur comportement et leur motivation comme le ferait un ethnologue devant une population d’étranges indigènes, il y aurait lieu d’analyser le pourquoi de l’hermétisme et d’en faire la critique. Je refuse de croire en une fatalité de l’hermétisme.

L’art contemporain de Catherine Millet (Dominos - Flammarion) [B1]

p18 « l’art est devenu contemporain en nous parlant de notre vie de tous les jours.. »

p22 « tandis que certains s’occupent de l’esthétisation de la vie quotidienne, d’autres entendent montrer que cette vie quotidienne recèle déjà des images qui méritent l’attention des esthètes.... »

quelques commentaires personnels:

1/ projeter (comme on projette une pierre dans l’eau) de l’art dans le quotidien ...oui bien sûr.....cela fait des ondes agréables

2/ extraire de la vie courante ce qui est beau ou fort ... re-bien sûr.. c’est la démarche perpétuelle du photographe...et depuis fort longtemps sans avoir attendu l’art contemporain

3/ Réaliser des oeuvres d’art à partir de matériaux dits « non nobles » , oui si le résultat a un impact esthétique, c’est-à-dire si l’intervention de l’artiste a une valeur ajoutée...(Empaquetages de Christo, Arman, Rauschenberg et l’art brut...)

4/ décider que tout ce qui appartient au quotidien est beau....Non.....c’est un peu comme si on servait au repas su soir, le vomi du repas de midi...... (Le camion de Bustamente, Le coca cola de Wharol...).

 Conclusion

Parfois l’Art Contemporain se situe dans le cas 4, et c’est bien ce qui fait hurler les gens, qui jettent l’Art Contemporain aux orties (ils ont raison pour ce cas là) mais en oubliant 1 2 3.

 

p28 « chacun peut se rendre compte désormais que l’on peut devenir artiste sans avoir fréquenté une académie, sans même avoir de don particulier .....»

 On sait depuis toujours que ce n’est pas le diplôme qui fait l’homme, par contre pour ce qui est du don, c’est autre chose. Cette affirmation souligne que certains artistes contemporains n’ont aucun don.....(on s’en est déjà aperçu), mais si les artistes sont des gens sans dons, on aboutira à un nivellement par le bas, à une esthétique du café du commerce....(le réfrigérateur de Lavier)

Un artiste est celui qui a un don pour transmuer le réel et le quotidien...et heureusement il en existe encore.

 Dire que l’artiste est un homme comme les autres parce qu’il peut travailler dans la publicité ou autre, c’est inverser la logique: C’est bien plutôt parce qu’il est artiste qu’il peut faire ce travail.

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